PAILLER LE SOL POUR SE PASSER DE PESTICIDES OUI, MAIS PAS AVEC DES BÂCHES EN PLASTIQUE !

Les bâches plastiques sont retirées progressivement des massifs lors de nos journées citoyennes.

Le paillage du sol autour des plantations évite le désherbage à la main ou à l’aide de pesticides. Une excellente chose, sauf si c’est avec des toiles de paillage en plastique !

 Un bon moyen de protéger le sol de la sécheresse tout en s’économisant le désherbage est de recourir au paillage. Couvrir le sol de débris végétaux empêche le soleil de l’atteindre : sans lumière, les plantes adventices (communément appelés les « mauvaises herbes », pauvres d’elles) ne poussent pas. De plus, cela diminue l’échauffement, donc l’évaporation, ce qui limite le besoin d’arroser, et préserve les micro-organismes sensibles à la chaleur.

En bref, pailler les plantations, c’est tout bon (voir l’encadré à la fin de cet article). Néanmoins, une innocente recherche Internet sur le paillage renvoie à de nombreuses propositions de vente de paillage… en plastique ! On en trouve chez Jardiland, Gamm Vert, Truffaut et d’autres enseignes plus spécialisées (Toile de paillage, Tissnet…). Passons sur l’aberration de la vente de paillage (un des intérêts du paillage est la réutilisation de « déchets »), et concentrons-nous sur l’introduction de toiles en plastique.

LES TOILES EN PLASTIQUE

Bien sûr, elles vont bloquer les rayons du soleil, ce qui va empêcher les « mauvaises herbes » de pousser. C’est ce qui vaut à ces toiles de paillage artificielles d’être vendues comme « protégeant l’environnement », puisqu’elles limitent l’emploi d’herbicides ! Pourtant, majoritairement fabriquées en polypropylène (qui sert aussi à fabriquer les pailles à boire, certains emballages alimentaires… ou des parechocs), donc un composé issu du pétrole, ces textiles ne sont pas sans impact environnemental.

Tout d’abord, leur fabrication émet pas mal de gaz à effet de serre et implique bien souvent des additifs polluants (notamment pour les ignifuger ou les rendre plus résistants aux UV) qui rendent leur recyclage impossible. Sans parler de l’extraction du pétrole.

LENTE DÉGRADATION

Ensuite, lors de leur utilisation, les nuisances qu’elles engendrent sont d’un autre ordre : le fait même de ne pas être dégradables en humus réduit à néant tout leur avantage sur le paillage végétal. Les bâches en plastique empêchent de nourrir le sol, ou plutôt ses organismes.

Leur seul avantage serait d’être plus simples à étendre sur les terrains en pente que du compost, car elles peuvent être fixées au sol à l’aide de simples crochets en U. Et idéalement, en effet, elles sont destinées à être retirées une fois que les plantes ont poussé suffisamment pour ne plus craindre de se faire voler les nutriments par des adventices… Mais leur recyclage n’est jamais possible entièrement, et les pollutions que sa fabrication a engendrées ne peuvent de toute façon pas être annulées.

De plus, dans les faits, elles ne sont presque jamais retirées, comme on peut le voir sur de nombreux espaces dans les villes. Leur dégradation, plus ou moins lente, conduit à la création de particules qui seront transportées par le vent et se retrouveront un peu plus loin, dans l’estomac d’un ver, d’une vache, d’un poisson…

Et puis, pour couronner le tout, ce paillage n’est vraiment pas esthétique. 

 

La commune a décidé de retirer progressivement les bâches plastiques en organisant des ateliers dédiés lors de ses journées citoyennes.

 

La commune fabrique désormais ses propres paillages en broyant les végétaux récupérés lors des travaux d'élagage et d'entretien des espaces verts.